récupération eau de pluie

La récupération d’eau de pluie, en route vers l’(eau)tonomie !

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Tout le monde s’est déjà posé la question : comment récupérer l’eau de pluie ? Faire des économies, être plus écologique, quelle bonne idée ! Mais de l’idée à la réalisation, il y a un monde. Poser des bassines devant sa porte se révélera insuffisant – et fatiguant – pour alimenter les toilettes. Si si… Alors c’est parti, je veux installer un récupérateur d’eau de pluie. Ou un collecteur. Un système de récupération ? Zut comment ça s’appelle ? Ce n’est pas l’essentiel. Demain, j’achète une cuve ou une citerne. Je la pose où je veux ? Quelle réglementation s’applique sur ces installations ? Et comment vais-je utiliser cette eau récupérée ? Quid de la filtration indispensable ? Allez, on vous aide, pour que vous ne soyez plus né de la dernière pluie !

 

Récupérer l’eau de pluie, une mode nécessaire

Il est de plus en plus fréquent l’été, d’entendre parler des nappes phréatiques qui fournissent une quantité d’eau limitée face à des besoins toujours croissants. En France et dans de nombreuses régions du monde, la préoccupation grandit concernant l’approvisionnement en eau potable, qui pourrait ne plus être assurée même dans des endroits qui l’ont fait couler à flot ces dernières décennies. Un français consomme entre 150 et 300 litres d’eau par jour, toutes utilisations confondues. Un été peu pluvieux, a tôt fait d’inquiéter les pouvoirs publics qui encouragent désormais les initiatives particulières de récupération de l’eau de pluie.

Dès lors, conserver chez vous l’eau qui ruisselle sur vos toitures peut s’avérer une excellente idée, qui vous permettra d’aider à l’économie globale en réduisant votre consommation d’eau. Également (surtout ?), vous vous mettrez à l’abri des futures restrictions de consommation qui se font de plus en plus fréquentes à peu près partout ! Si l’agriculture et l’arrosage public sont les premiers concernés à cause de la quantité importante de litres d’eau qu’ils engloutissent, arroser son jardin deviendra bientôt tout aussi problématique. Pourtant, l’hiver, nous laissons nous échapper de quoi nous abreuver l’été. C’est pourquoi l’eau du robinet est has been, vive les récupérateurs d’eau de pluie !

Il faut bien faire la distinction entre la récupération d’eau de pluie pour arroser son jardin, et celle qui aura vocation à entrer dans votre maison (WC, lave-linge, voire robinets). Les contraintes légales et budgétaires ne seront pas les mêmes !

La loi sur l’eau : n’oubliez pas le cadre réglementaire

Consommer l’eau de pluie n’est pas sans incidence sur la santé, même si nous ne la buvons pas. Il est donc logique que la loi impose (surtout depuis un décret de 2008) certaines précautions quant à sa récupération. Celles-ci concernent principalement les équipements utilisés et les étapes à réaliser avant les différentes utilisations de l’eau.

Si vous vous contentez d’un gros bidon ou d’une cuve accolée à un mur pour remplir votre arrosoir, les mesures à prendre seront minimes. Il est quand même demandé que l’eau soit récupérée à partir de toitures non accessibles, et qu’elles ne contiennent pas d’amiante ou de plomb.

Si l’eau rentre dans vos canalisations intérieures en revanche, elle devra circuler dans un réseau dédié parfaitement isolé du réseau d’eau potable. Il vous faudra en outre la filtrer, faire entretenir vos installations chaque année (notamment la cuve), et mentionner « eau non potable » à côté de chaque sortie où cette eau sera accessible. De plus, une déclaration en mairie est obligatoire si vous rejetez l’eau dans le système d’assainissement collectif. Vous serez soumis à une redevance dans ce cas.

Notez enfin qu’il est interdit d’installer des robinets distribuant l’eau de pluie et l’eau de ville, dans la même pièce. Même avec les mentions adéquates.

On se jette à l’eau ! L’achat du système de récupération d’eau de pluie

Vous y êtes presque ! Vous avez défini l’usage souhaité pour cette précieuse eau que vous allez récupérer d’ici quelques semaines. Puisque vous vous contenterez d’arroser vos fleurs, un collecteur placé sous les gouttières suffira, pas besoin de creuser. Ah non, finalement vous allez l’utiliser pour alimenter vos toilettes, votre lave-linge et laver vos sols. Bon, il faudra donc creuser et enterrer une cuve. Dans le commerce sont vendus de nombreux modèles de cuves en plastique de différentes contenances. Vous pouvez également constituer votre cuve en béton, avec (petite astuce), une épaisseur interne de chaux qui aidera à l’assainissement et diminuera l’acidité de l’eau. Mais listons l’ensemble du matériel qui vous sera nécessaire :

  • Un toit ! Oui je sais… Mais il faut y penser ! Avec la bonne pente, orientée du bon côté.
  • Des gouttières, organisées selon un système qui permettra l’écoulement de l’eau vers l’endroit désiré.
  • Un premier filtre, écartant les feuilles mortes et autres indésirables qui ne devront pas moisir dans votre réservoir d’eau. Vous pouvez d’ailleurs également munir vos gouttières de filets ou grillages pour cela.
  • Le contenant : selon l’usage désiré, un collecteur, citerne ou cuve (en polyéthylène ou en béton, voire en polyester), dont la taille va dépendre bien évidemment, de l’utilisation. De 200 litres à plusieurs milliers voire dizaines de milliers, un réservoir plus grand vous apportera davantage d’autonomie.
  • La pompe : si l’eau doit parcourir vos tuyauteries pour parvenir à différents endroits, une pompe sera nécessaire. Là encore, pléthore de modèles vous sont proposés coûtant généralement quelques centaines d’euros. Pour une utilisation classique WC et lave-linge, une pompe immergée sera parfaite.
  • Le système de filtration ! Certainement le point le plus sensible de la thématique. Si vous arrosez votre jardin, pas de problème. Si vous voulez boire cette eau du ciel en revanche, plusieurs niveaux de filtration sont indispensables, complétés par un stérilisateur UV. Vous saurez tout sur la question grâce à ce complément d’information sur la filtration.
  • Les accessoires divers : pensez à la construction du réseau d’eau dédié, à ce qu’il adviendra du trop-plein, aux équipements de fixation des gouttières, au support en cas de collecteur hors-sol, etc. Sans compter les sondes et flotteurs, crépine et autres petites pièces essentielles.

Pour vous aider dans tout ça, référez-vous à cette explication sur les équipements de récupération d’eau de pluie. Attention, pour les réservoirs enterrés, ils ne peuvent l’être sous l’habitation, et vous ne pourrez pas planter d’arbre par-dessus, ni garer une voiture.

Récupération de l’eau, mais pas du budget !

L’installation, si elle englobe tout ou majeure partie de vos besoins domestiques, peut avoir un coût important qui sera long à couvrir par les économies réalisées. Là encore, il s’agit de bien réfléchir pour optimiser votre installation au regard de vos besoins réels. Vous devrez faire appel à un professionnel dans la majeure partie des cas. N’hésitez pas à comparer les tarifs des installateurs et des différentes pièces, qui peuvent varier du simple au double (voire plus !), et veillez à dimensionner votre installation correctement. Vous pourrez trouver sur Internet une estimation de vos besoins en fonction de votre situation, et du nombre de personnes résidant dans votre foyer.

On estime que pour le dimensionnement le plus courant, comprenant une cuve de 5 000 litres et une utilisation pour les WC, le lave-linge et les activités extérieures (arrosage, lavage de la voiture), l’installation complète coûtera entre 5 000 et 8 000 euros.

Pour le cas où vous feriez bâtir votre maison, n’hésitez pas une seconde. En effet, enterrer une cuve entraînera un surcoût tout à fait acceptable au moment du creusement des fondations. Et le réseau de plomberie dédié sera de même installé beaucoup plus facilement, rapidement, et donc moins onéreux.

Renseignez-vous enfin, pour savoir si des aides publiques peuvent vous être allouées, sous forme de subventions ou de crédit d’impôt. Des installateurs spécialisés pourront vous renseigner à ce sujet, surtout s’ils détiennent le label « Qualipluie ». Il arrive que les administrations ouvrent les robinets…

Récupérer l’eau de pluie est aujourd’hui un geste noble qui se démocratise, avec la prise de conscience des défis environnementaux qui nous attendent dans les prochaines décennies. Il convient de bien étudier les possibilités de son habitation avant de procéder au moindre achat, et faire appel à un professionnel vous évitera certainement des déconvenues. Maintenant on installe, et on frime devant les amis !

Par Guillaume Depaemelaere

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